En quoi consiste « nous 3 »?
Nous appelons tous à arroser toute la France, via les librairies, d’une carte postale offerte tout spécialement par Sempé, et qui sera le détonateur social et culturel de l’opération Un livre, une rose. Chaque lecteur détenteur de cette carte postale qu’il pourra se procurer en librairie, rédigera pour un ami proche ou perdu de vue, un membre de sa famille, un voisin, une célébrité, un inconnu même, un message personnel lui donnant rendez-vous le 28 avril dans la librairie de proximité où un livre lui sera, de la part de ce messager, destiné. Ce rendez-vous insolite refera du lien, du mouvement, du jeu entre trois acteurs qui se sont un peu tourné le dos au sein d’une chaîne du livre somme toute grippée. Le lecteur, d’abord, délaissant pour certains l’achat en ligne et retrouvant avec le chemin de la librairie l’envie d’offrir généreusement ce qu’il a tant aimé lire. Le libraire, retrouvant lui toute la substance de son métier, à savoir cet équilibre précaire entre l’envie de transmettre ses propres découvertes livresques et son devoir d’écoute des demandes éclectiques des lecteurs. Ainsi la librairie redevient un espace d’allées et venues culturelles et de tohu-bohu humain.
A l’heure où de nouveaux espaces de vente surgissent sur Internet, il est capital qu’ensemble, libraires, lecteurs, éditeurs et auteurs interrogent le sens et la présence d’espaces commerciaux concrets comme ceux de la librairie indépendante, au coin de nos rues, au cœur de nos villes et partout dans notre pays. A quoi sommes-nous attachés et que se joue-t-il dans ces lieux-là ? Qu’y voit-on ? La librairie est vitale, dans son essence subversive : chaque fois qu’un lecteur franchit la porte avec une idée en tête, un livre, une recherche, un désir de contact, un ouvrage perdu, sa demande se déplace souvent vers l’objet d’à-côté, l’inattendu, l’imprévisible, l’inimaginable…
C’est cette aventure-là que permettent ces « travailleurs de papier » de la Librairie indépendante et c’est cette aventure-là que les lecteurs maintiennent en choisissant de fréquenter ces lieux.
Une librairie se maintient par elle-même, par les livres qui la peuplent et par le métier qui les met en relation les uns avec les autres selon une ligne éditoriale subjective.
Notre journée, le 28 avril 2007, nous engage donc tous à une joyeuse guérilla intellectuelle contre une conception du monde qui ne peut se satisfaire du produit unique à potentiel commercial mais cherche bien au contraire à favoriser une authentique démocratie culturelle.
L’association Verbes