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CONCEPTION GRAPHIQUE AFFICHE 2009 : GÉRARD LO MONACO
Gérard Lo Monaco est né à Buenos Aires.
Affichiste, graphiste engagé, il a été décorateur au Grand Magic Circus de Jérôme Savary. Puis il fit tourner en France sa propre compagnie de marionnettes à fils et son manège de chevaux en bois. En parallèle, il crée des pochettes de disques, des premières de couverture et des pop-ups (Magique Circus Tour, 2010 et Le Livre des jouets de papier, 2014). Maquettiste et directeur artistique dans l’édition, il fonde en 1995 son propre studio de création graphique, les Associés réunis, situé à Paris.
La sélection
David Boratav, Murmures à Beyoğlu, Gallimard
Raymond Federman, Les carcasses, Léo Scheer
Hélène Frappat, Par effraction, Allia
Thierry Hesse, Démon, éditions de l’Olivier
Frédéric Junqua, Kart, Léo Scheer
Jérôme Lafargue, Dans les ombres sylvestres, Quidam Éditeur
Dany Laferrière, L’énigme du retour, Grasset
Noémie Lefebvre, L’autoportrait bleu, Verticales
Jean-Marc Lovay, Tout là-bas avec Capolino, Éditions Zoé
Catherine Mavrikakis, Le ciel de Bay City, Sabine Wespieser éditeur
Lyonel Trouillot, Yanvalou pour Charlie, Actes Sud
Stéphane Velut, Cadence, Christian Bourgois Éditeur
le lauréat
Lyonel Trouillot, Yanvalou pour Charlie, Actes Sud
La mention spéciale
Hélène Frappat, Par effraction, Allia
Discours de Lyonel Trouillot
Merci au jury. Merci aux organisateurs du prix. Ce que j’ai pu lire et entendre du prix Wepler et des œuvres primées témoigne d’une passion rare pour la littérature. Je dirais de préférence « pour l’écriture ». Et je suis honoré et heureux d’une distinction résolument littéraire qui ne m’appartient d’ailleurs qu’en partie. Une grande partie allant à celles et ceux qui m’ont accompagné tout le long ou à des moments difficiles de ma modeste carrière d’écrivain. A Port-au-Prince un vieil ami avec qui j’aurais voulu partager cette récompense m’avait enseigné qu’il faut toujours dire merci. Permettez que je remercie des absentes, Sabine, Maïté, Manoa, Anne-Gaëlle, ces personnes qui, de très prés et parfois de trop loin, m’apportent l’affection dont on a besoin pour pouvoir, le temps d’une vie, prendre un peu de confiance en soi sans se prendre au sérieux, se poser à soi la question du sens de sa présence au monde et y répondre timidement en essayant d’être. Permettez qu’ensuite je remercie les éditions Actes Sud qui ont amené et accompagné mon travail ici en France, en particulier mon éditrice Marie-Catherine Vacher et mon attachée de presse Emanuèle Gaulier. Seul le formalisme des cérémonies fait que je les nomme ici, par leurs fonctions officielles. Merci à vous deux qui êtes devenues au fil de nos échanges amies de cœur et de littérature. Permettez que je remercie celles et ceux avec lesquels, depuis déjà de longues années (Pierre, Rolph, Michel, Evelyne, Jean…) j’essaye de comprendre et d’aimer le pays dans lequel je suis né, Haïti, où j’ai appris à détester ce que je déteste (les hiérarchies stupides et l’inégal répartition du droit au bonheur) et à aimer ce que j’aime (la libre rencontre entre les individus, le bonheur des corps et le juste partage). Si l’on accomplit seul le travail d’écriture, le regard sur le monde se développe par les inquiétudes et les réflexions partagées. Je suis un vieux rêveur toujours en formation. Merci à mes vieux frères de combat. On peut trouver seul les mots, mais on ne répond pas seul à la question du sens. Ecrire, pour moi, c’est justement la tension, le déséquilibre entre cette éternelle question du sens et l’eternel travail de la forme. Dans Yanvalou pour Charlie , s’est posée à moi une question essentielle : au-delà de la beauté, peut-il exister une écriture juste ? Qui permettrait au texte, par son enjeu littéraire, c’est-à-dire par les questions qu’il pose à sa propre forme, de témoigner des enjeux du réel, du souhaitable et du condamnable, du vœux et de l’obstacle.
Je remercie enfin l’ensemble des écrivains haïtiens (ils sont nombreux) qui écrivent dans nos deux langues : le créole et le français. Ce que j’écris est en dialogue avec ce qu’eux font. C’est un vaste petit monde que la littérature haïtienne, et je souhaite aux lecteurs francophones de pouvoir le découvrir. Puisse ce prix attribué à Lyonel Trouillot contribuer à ouvrir les yeux sur l’ensemble de la littérature haïtienne.
Merci encore au jury.
Lyonel Trouillot.
Discours de Marie Rose Guarniéri
Ne perdons plus de temps à contester par des discours nos institutions littéraires.
Posons ce soir un acte : oser récompenser deux auteurs de plus que celui que l’on voudrait nous imposer comme l’unique grand auteur français, un auteur fétiche, emblématique de notre époque , tellement identifiable sur la carte de notre territoire et ce dès le mois de juin….Pourquoi publier 700 roman pour ne parler que d’un ? Cessons le simulacre d’une course aux prix et d’une surprise jouée d’avance. Fuyons le doigt qui aujourd’hui décrète, assigne, désigne la littérature, regardons en dehors, ailleurs.
Ce soir, ce ne sera pas un livre, POINT mais deux livres de plus, VIRGULE.
Ne discutons plus, agissons, donnons 10000 et 3000 euros à deux auteurs pour qu’ils continuent d’écrire grâce à la Fondation de la Poste.
Ne discutons plus, agissons, enivrons-nous grâce à Michel Bessière, son équipe et la magnifique et généreuse brasserie WEPLER.
Enivrons-nous d’astres littéraires plus lointains, plus rares, entendons la bruyante solitude d’auteurs, endurants, exigeants, ardents, enivrons-nous car ils sont bien le printemps de cet automne.
Enivrons-nous car ce Prix n’est pas une consolation, il n’y en a pas, continuons, c’est TOUT.
Je vous demande à tous en sortant demain de parler de ces Ecrivains, de nous relayer, de faire état de leur existence.
Aujourd’hui, nous sommes à l’ère du « Tu vends ou tu meurs », ET vous tous ce soir, depuis treize ans, vous êtes notre plus grand, notre plus précieux média, PROUVEZ-LE !